discours lu par un camarade à Marseille

Discours lu par un camarade à Marseille

Je voulais juste dire quelques mots rapides, parce que…. merci de ne pas relayer les rumeurs qui tournent sur internet sur les états de santé. Même si on est en attente de nouvelles, c’est sûr que par contre, on a peut etre perdu un

copain. 

C’est de Serge que je parle, même si on garde évidemment en tête Mickaël

et toutes et tous les autres, touchés plus ou moins gravement à

Sainte-Soline, dans les manifestations urbaines ou ailleurs.

Et en passant, ce n’est pas parce qu’on n’a pas été touché physiquement

que ça ne marque pas : alors si vous avez des potes qui étaient par

là-haut, soyez là pour eux, soyez là pour elles, prenez le temps de

faire attention à vos proches : la vie est déjà bien assez dure pour

devoir se confronter seuls aux traumatismes que l’on traverse. On est

dans une phase extrêmement dure, tout le monde s’en rend compte. Et on

ne s’en sortira pas seuls.

Il y a un poème de Rimbaud qui finit par « Il a deux trous rouges au

côté droit », peut-être que vous le connaissez. Des trous rouges, on en

voit un paquet de tous les côtés dernièrement. Parce qu’ils se servent

de la mutilation comme d’un outil de maintien de l’ordre et s’offusquent

de deux bouts de plastique brûlé.

Ces trous rouges, ils veulent dire que si quelque chose saute, tout

saute, pour eux comme pour nous. Alors c’est dur, parce que tout ça se

maintient mutuellement, dans un des moments les plus cyniques et

méprisants, les plus offensifs du capital depuis longtemps : ils en sont

réduits à faire des trous : dans la terre, dans les estomacs, dans les

corps. Et comme on l’a vu, dans les têtes.

Quelqu’un disait à propos des amis que la vie sans vous, sans VOUS,

c’est triste comme un repas sans pain.

Et en ce moment, la politique gouvernementale nous prend les deux. Les

amis et le pain. Alors pour ne pas oublier nos amis, il va nous falloir

partir à la reconquête du pain. Et donc multiplier les formes d’action,

solidaires entre elles, de la grève aux blocages, de la manif à l’action

directe, pour lutter pour une vie meilleure pour tous et toutes, pour

libérer la vie de l’exploitation et de l’oppression.

Et si on n’a pas toujours été d’accord avec Serge, on peut retenir la

sincérité qu’il a toujours eue dans son engagement, son amour pour la

montagne même s’il s’enfermait parfois dans son rôle de marxiste urbain,

son honnêteté dans le combat pour la liberté de tous et toutes.

Pour Serge, Mickaël et toutes celles et ceux qui sont restés sur le bord

du chemin. Et pour nous aussi.

Parce qu’on a peut etre perdu un copain. Et dans tous les cas, il n’aurait certainement pas appelé au calme.