Vive la révolution ! – Texte de quelques camarades et compagnons de Paris

NON.

La répression est partout. On subit tous, avec des intensités variées, ce qui est défendu régulièrement par ceux qui sont contents de ce système comme sa violence « légitime » voire « nécessaire ». Qu’il s’agisse de nous forcer au taf, à la normalité, de prévenir toute déviance et toute révolte par la menace très démocratique de la force et de l’enfermement, cette politique de prévention s’arme parfois davantage, quand il s’agit de réprimer directement ce qui la conteste. Alors la « violence légitime » chauffée à blanc se lâche sur les corps jamais assez armés ni préparés des manifestants, à coup d’armes non létales qui tuent pourtant, et alors le « maintien de l’ordre » ressemble à la guerre.

C’est ce qui s’est passé avant-hier à Sainte Soline : des blessés par centaines, du sang partout, des plaies impossible à soigner avec les moyens du bord. Pulsion vengeresse des FDO face à l’impuissance ressentie en ville ces derniers soirs ? Sadisme collectif inhérent au port de l’uniforme ? L’ordre est même donné de ne pas permettre au SAMU de prendre en charge les blessés, qui attendront pour certains des heures en urgence vitale.

Le bilan est terrible, un camarade blessé en pleine tête par une grenade explosive ne sort pas du coma, un autre est aussi en urgence vitale parce qu’il a reçu une grenade dans la jugulaire, plusieurs autres sont dans un état inquiétant et les blessés graves, mutilés, défigurés se comptent par dizaines.

C’est sidérant, et on est renvoyé à une impuissance face à la faiblesse des corps aux prises avec la volonté de l’Etat d’en finir avec cette contestation, que quelques fonctionnaires obéissants ont comprises comme une volonté d’en finir avec nos camarades, nos compagnons, nos proches, nos amis.

Mais quoi qu’il advienne des blessés aujourd’hui entre la vie et la mort, c’est la vie de la révolte qu’il nous revient d’amplifier. Le temps du soin, de la peine, du deuil, le temps de mesurer les blessures se mêle à celui de l’offensive nécessaire : on ne laissera pas faire, on ne se laissera pas bercer par les discours dégueulasses qui commencent à exposer et à salir l’intimité de nos proches encore dans le coma, par les menaces d’enquêtes, par les effets d’annonce supposés terroriser le téléspectateurs à coup de « 200 fichés S s’étaient donnés rendez-vous à Sainte Soline ». Nos fiches S ne sont que le signe que la bureaucratie démocrate a décidé de nous tenir dans son viseur, les « vrais gens » auxquels ces rodomontades s’adressent se sentent-ils prêts à appuyer sur la gâchette ? Existent-ils mêmes, ceux qu’on suppose assoiffés de sang par procuration ? Et si c’était ton fils, ta sœur, ton amoureuse… on a envie de reprendre une litanie qui sert justement d’habitude à justifier la répression. Nous sommes les fichés S sur lesquels on a tiré à Sainte Soline, nous sommes des compagnons, des fils, des filles, des sœurs, des amoureuses, et chacun à notre manière, sans commandement centralisé et sans uniformes, nous nous efforçons de sortir de l’impuissance dans laquelle cette « violence légitime » cherche à nous maintenir, quitte à nous tirer dessus.

Depuis une dizaine de jours, au moment de l’annonce du passage en force de la reforme des retraites par le 49.3, le mouvement social a prit une ampleur différentes. Des rassemblements sauvages ont lieu presque tous les soirs dans plusieurs ville dans toutes la France et déambulent en érigeant des barricades, en enflammant des poubelles qui jonchent les rues grâce à la grève intense des éboueurs, des voitures et tout ce qui peut illuminer les soirs de ce nouveau printemps. Face à cette colère qui monte en puissance la police tente comme à chaque fois de réprimer et d’étouffer la révolte faute de l’avoir tuée dans l’œuf. Tous les soirs les commissariats se remplissent, les keufs interpellent en masse. Des peines de prisons ferme ont été prononcées, des détentions préventives ont été réquisitionnés. Continuons à faire grève, à bloquer, à déborder et à épuiser les flics tous les soirs, partout, qu’ils ne sachent pas où donner de la matraque, qu’ils ne sachent plus qui arrêter. Leurs forces sont limitées et, contrairement à ce qu’ils veulent nous faire croire, ils ne peuvent pas tous nous empêcher de lutter.

Ne nous laissons pas faire, plusieurs camarades sont à l’hôpital, certains gravement blessés (200 blessés ont été comptés), deux camarades sont entre la vie et la mort. L’heure est grave, il est urgent d intensifier les pratiques, de répondre, comme nous pouvons le faire, ensemble, dans la rue en solidarité avec les camarades et compagnons qui ont subi directement la « violence légitime » de l’Etat. L’histoire de la lutte ne doit se finir ni dans les commissariats et les prisons, ni à l’hôpital. Il nous est insupportable d’imaginer qu’encore une fois nous pleurerons les mutilés, les morts, et les incarcérés de retour au travail, à l’école, a pôle emploi. On pense aussi à Boris, ce compagnon gravement mutilé par la prison il y a deux ans. Pour tous ceux qui tombent et pour nous, qui n’en pouvons plus de vivre dans ce monde autoritaire et capitaliste, intensifions les luttes et pleurons cette fois nos compagnons sur les ruines du vieux monde.

Vive la Révolution.

Solidarité avec S., tous les blessés et tous les bad kids de ce monde

Quelques camarades et compagnons de Paris

En pdf : vivelarevolution